28 mars 2022
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Axelle Brodiez-Dolino, « « L’urgence sociale » : entre souci de la mort physique et de la « mort sociale » (années 1940 – années 2010) », Histoire Politique, ID : 10.4000/histoirepolitique.3133
Quelles sont, depuis 1945, les temporalités de l’urgence sociale ? Quels sont les impacts de la conjoncture économique, du marché du logement, de la « politique du thermomètre », de l’évolution sociologique des publics concernés, de l’inventivité associative ? Comment évolue le rapport entre offre et demande d’hébergement ? Vise-t-on d’abord l’inconditionnalité de l’accueil et la mise à l’abri humanitaire, ou la réinsertion des personnes ? Ces interrogations conduisent à dégager quatre temps. De 1945 à la fin des années 1950, dans un contexte de sans-abrisme polymorphe et de crise du logement massive, la domination de la mise à l’abri sur un temps très court (règle des « trois nuits ») conduit à l’entassement dans des asiles de nuit vétustes et non professionnalisés, et à un fort turn over. Puis jusqu’au milieu des années 1970, dans un contexte de moindres besoins et de hausse des moyens pour y faire face, le développement de la « réadaptation sociale » opère un ralentissement du tempo et un travail social mieux adapté aux besoins. Des années 1980 au milieu des années 2000, la dégradation du contexte économique et la médiatisation de ses conséquences sociales scellent un retour à l’urgence et au principe de réactivité – étouffant dans l’œuf toute velléité de réinsertion, pourtant prônée par les politiques publiques. Depuis 2007 enfin, le principe de la stabilisation conduit à reprendre le temps de la réinsertion, mais reporte l’embouteillage dès l’entrée du dispositif et malmène le principe d’inconditionnalité de l’accueil.