8 novembre 2023
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Ioana Belu, « Le cheminement sinueux de la mémoire vers la nécessité de dire l’indicible et l’(im)possibilité du pardon dans La Vie clandestine de Monica Sabolo », ILCEA, ID : 10.4000/ilcea.18253
Cet article analyse les mécanismes de la mémoire et de l’écriture de l’indicible, tels qu’ils apparaissent dans le dernier roman de Monica Sabolo, La Vie clandestine (2022). L’auteure y met en scène les tours et les détours d’une mémoire traumatique censée au départ n’avoir rien à lui dire à propos d’une histoire volontairement très éloignée de sa vie personnelle. En effet, dans un premier temps, Sabolo s’attache à l’écriture d’une enquête sur un assassinat perpétré dans les années 1980 par deux jeunes femmes, membres du groupe terroriste de gauche Action directe. Néanmoins, au fur et à mesure de l’avancement du récit, il en résulte une construction narrative complexe où l’histoire des terroristes est constamment tressée, par le travail souterrain de la mémoire, à l’histoire familiale de l’auteure-narratrice. Le récit de la violence infligée lors d’un attentat politique à portée générale et collective fait ainsi de plus en plus écho au trauma individuel de l’auteure-analyste. Sa mémoire traumatique s’immisce pour la forcer à dire quelque chose sur l’indicible du trauma personnel, même quand celui-ci est censé rester en dehors de ce qui est raconté. En fin de compte, la démarche extérieure de la narratrice tournée vers des faits qui, apparemment, n’ont rien à voir avec son histoire personnelle s’avère être surtout une démarche intérieure, intime, dont la véritable quête reste la nécessité d’exprimer, par l’écriture, l’indicible de la violence subie ou accomplie, et de poser la question toujours béante de l’(im)possibilité du pardon.