Le vestige et la ruine dans Few of us (1996) de Sharunas Bartas : les ornements sonores de l’oubli d’un peuple disparaissant

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9 avril 2015

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Sylvain Louet, « Le vestige et la ruine dans Few of us (1996) de Sharunas Bartas : les ornements sonores de l’oubli d’un peuple disparaissant », Images re-vues, ID : 10.4000/imagesrevues.3614


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Si, selon Marc Augé, « [l]’opérateur principal de la mise en ‘fiction’ de la vie individuelle et collective, c’est l’oubli », comment signifier, sans commentaire ni dialogue, l’oubli d’un peuple - un peuple oublié et qui, peut-être, s’oublie ? Comment faire en sorte que l’oubli d’un peuple près d’être englouti ne se résume pas à un thème ni à une reconstitution et devienne une figure d’écriture ? C’est à ces questions que répond Few of us. Cette fiction cinématographique lituanienne de Sharunas Bartas met en scène quelques membres de la communauté des Tofalars, de l’Oblast d’Irkoutsk, en Sibérie, figurant un peuple constitué d’environ sept cents personnes, jadis nomade, désormais sédentarisé, oublié du monde et peut être oublieux de sa culture et de son histoire. Le film se caractérise d’abord par une écriture inhabituelle qui met en avant le silence et le mutisme des personnages, traversés de douces fulgurances sonores qui apparaissent comme un art de l’estompe. Cependant des formes survivantes des bruits et des chants du peuple des Tofalars traversent le vide apparent des paysages sonores, des formes se souvenant des quelques-uns qui vivent encore là. Aussi semble-t-on fondé à percevoir dans ces traces sonores les guenilles de l’histoire d’un peuple disparaissant. Cette écriture de l’histoire révèle le souffle continué des hommes à travers le tamis de la respiration du temps. Few of us met ainsi en œuvre l’oubli qui conditionne le déploiement des possibilités de se souvenir et la mise en mouvement du passé.

How represent, without comment or dialogue, oblivion of a people? In Few of us, a Lithuanian film fiction, Sharunas Bartas stages some members of the Tofalars community, living in Siberia. This people consists of about seven hundred people, formerly nomadic, now sedentary, forgotten by the world and perhaps partly oblivious to its own culture, forgetful to its own history. The film is primarily characterized by an unusual writing that highlights the silence and the mutism of the characters. However, the ancestral sounds and songs of the Tofalars cross the empty soundscape: these very simple shapes suggest the life of the people who still live there. These sounds are the rags and the footsteps of the story of a disappearing people.

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