30 décembre 2018
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Aurel Rotival, « Modernes pietà », Images re-vues, ID : 10.4000/imagesrevues.5726
Cet article se propose d’étudier une singulière et paradoxale communauté de figures repérée au sein de trois films réalisés dans le contexte politique et révolutionnaire de la deuxième moitié des années soixante : dans Les Enfants désaccordés (P. Garrel, 1964), Acéphale (P. Deval, 1968) et « Les Dieux de la peste (Götter der pest, R. W. Fassbinder, 1970) », survit le modèle plastique, hérité de la peinture chrétienne, d’une pietà. Il s’agit d’abord de s’arrêter sur le potentiel dialectique de ce geste de plainte exemplaire, et de comprendre comment celui-ci peut venir servir de prémices à l’expression d’une prise de position critique et politique. Il s’agit ensuite de s’interroger sur la période de crise anthropologique, notamment décrite par P. P. Pasolini et E. De Martino, qui aurait commandé le remploi de ces symboles religieux, et le rôle qu’ils viennent ainsi jouer au titre de véhicules d’une sauvegarde mémorielle et d’un refuge spirituel. Il s’agit donc enfin de considérer la dimension politique portée par le pathos religieux, lorsqu’il réapparaît au moment où révolution, émancipation et salut doivent être pensés côte-à-côté.