20 septembre 2022
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Mariana Jafet Cestari et al., « Le « pretuguês », la langue maternelle et les discours fondateurs de la brésilianité », Itinéraires, ID : 10.4000/itineraires.11624
Le discours de la démocratie raciale, parmi les discours fondateurs de la brésilianité, produit une iconographie des femmes noires dans laquelle l’image de la mère noire est centrale ; un exemple d’intégration et d’harmonie raciales. Lorsque Gonzalez (1984) propose de manière précurseur d’analyser le double phénomène du racisme et du sexisme au Brésil, en discutant de la si controversée mère noire comme d’une construction faisant partie de la névrose culturelle brésilienne, elle la considère comme une figure de résistance. Un des éléments fondamentaux de cette construction est la dimension de la langue maternelle, que Gonzalez, dans un geste à la fois théorique et politique, appelle « pretuguês », considérant que la « Mãe Preta » (Mère Noire), en tant que « sujet supposé savoir », a produit l'africanisation du portugais parlé au Brésil et de la culture brésilienne elle-même (Gonzalez 1981). Ainsi, cette auteure conteste la manière dont le portugais est compris comme langue maternelle et sa place dans les processus de subjectivation depuis la fonction maternelle exercée par les femmes noires. Autrement dit, dans l’historicité des sens marquée par la stéréotypie, la mise sous silence et l’invisibilisation, les discours fondateurs reviennent dans les luttes par les lieux d’énonciation de et pour les femmes noires – objet d’analyse de notre travail, qui se propose de discuter comment ces luttes d’interprétation et d’énonciation de soi constituent les sujettes femmes noires dans les carrefours des mémoires, produisant des disputes autour des récits et des interprétations sur le Brésil.