28 juin 2010
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Christian Lallier, « Le corps, la caméra et la présentation de soi », Journal des anthropologues, ID : 10.4000/jda.834
Le chronophotographe, ancêtre du cinématographe, fut inventé pour décomposer l’animation synchronisée d’un corps en mouvement : dès lors, il fut possible de filmer le cours d’une action. Ainsi, l’activité corporelle est au fondement même de l’acte filmique. De même, filmer une personne repose sur un rapport social singulier entre corps filmant et corps filmé. Plus exactement, c’est la mise en représentation de l’observateur-filmant, en tant qu’opérateur agissant physiquement et éprouvant corporellement l’acte même de filmer, qui permet de rendre compte d’une situation sociale « comme si » il n’y avait pas de caméra. Le filmant, avec sa caméra-prothèse sur l’épaule et son harnachement de câbles et de micros, paraît handicapé : cette construction sociale participe à l’intégration du dispositif filmique dans la situation observée. À l’inverse, une personne supportera difficilement la caméra si elle estime être représentée pour sa seule présence physique dans la situation sociale observée. Elle se laissera filmer si elle se considère représentée pour la valeur de son investissement dans l’action pour laquelle elle se reconnaît légitime.