14 décembre 2018
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/1951-6215
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Chris A. Smith, « Where do new words like boobage, flamage, ownage come from? Tracking the history of ‑age words from 1100 to 2000 in the OED3 », Lexis, ID : 10.4000/lexis.2167
Cette étude diachronique lexicographique vise à étudier le comportement morphosémantique des mots en ‑age du lexique de l’anglais. L’objectif est de mieux comprendre les mécanismes historiques qui ont permis le passage d’une forme empruntée au latin et au français pour devenir un mécanisme de dérivation productif de l’anglais. À partir du dictionnaire OED en ligne, l’ensemble des mots se terminant en ‑age ont été relevés, pour ensuite trier et supprimer ceux qui ne sont pas porteurs du morphème lié ‑age (tels que toutes les lexies contenant le morphème libre nominal ‑age) ainsi que toutes les formes qui sont dérivées de formes en ‑age. Ces exclusions permettent de réduire le nombre de lexies à l’étude de plus de 1200 à un peu plus de 900 lexies. Plusieurs étapes motivent le travail de classement et d’observation des lexies : un classement diachronique par année d’attestation, un classement morphologique selon la forme de la lexie (emprunt, forme hybride modelée sur le français ou le latin, dérivé, ou encore amalgame), un classement sémantique des formes selon des grands types sémantiques récurrents : ACTION, RESULTAT, COLLECTIF, QUANTITÉ, STATUT.À partir de ces données, une analyse diachronique de la répartition des lexies en ‑age à travers le temps devient possible. Les questions posées sont les suivantes : les lexies en ‑age ont-elles suivi une courbe stable au fil du temps, ou bien y a-t-il des périodes de changement ? La répartition des lexies déverbales et dénominales est-elle stable ? À quel moment la dérivation a-t-elle pris le dessus sur l’emprunt ? Quelle est la productivité actuelle des lexies en ‑age et que nous apprennent les nombreuses formes obsolètes du corpus ?Cette étude permet de montrer la remarquable stabilité de production des lexies en ‑age au fil du temps, avec une prépondérance de lexies dénominales sur les lexies déverbales. Les courbes de croissance des lexies déverbales et nominales s’avèrent relativement stables et parallèles, sans grand bouleversement des tendances. Plusieurs périodes fastes de création de lexies en ‑age sont confirmées par les données. Alors que ces résultats tendent à confirmer les études existantes sur la question des emprunts et des dérivés, la dernière partie de ce travail sur la productivité actuelle des lexies en ‑age de l’anglais, ainsi que la confrontation entre dérivés en ‑ing et dérivés en ‑age permet d’observer des caractéristiques fondamentales. 1) Les lexies obsolètes en ‑age du dictionnaire ne le sont pas ou plus véritablement, ce qui montre la capacité d’adaptation remarquable de ces formes (ce qui les différencie des dérivés en ‑ity et ‑ment en particulier ;2) Les lexies en ‑age ont un comportement sémantique cohérent qui correspond aux quatre types sémantiques définis (ACTION / RESULT, TAXE / DROIT / PAIEMENT, STATUT / DROIT, COLLECTIF / QUANTITÉ). Le sens du dérivé reste prévisible à partir du sens de la base, ce qui explique en partie leur remarquable succès, en particulier dans des registres variés allant de l’argot aux registres techniques. On note aussi une adaptation exceptionnelle, rendant le sens motivé par son contexte socioculturel (comme le montrent les emplois des lexies ownage, ou encore rakeage dans le corpus contemporain English Web 2013) ;3) Les dérivés en ‑age ne sont pas polysémiques : c’est le sens de la base qui explique le sens du dérivé. Ils restent peu lexicalisés, preuve de leur productivité continue.