19 mars 2024
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Caroline Humphrey, « Displacement and the Natal Paradise: The Metamorphosis of Placenta Burial Rites in Buryat and Mongol Lands », L’Homme, ID : 10.4000/lhomme.48190
Cet article a deux objectifs liés : premièrement, attirer l’attention sur une composante importante, mais négligée, des relations sociales mongoles et bouriates, à savoir celles qui se nouent autour de la naissance et du lieu de naissance. L’enterrement rituel du placenta instaure un lieu de naissance auquel on attribue une force vitale censée « revivifier » tout au long de leur existence, non seulement l’enfant né, mais aussi ses descendants biologiques. L’article montre qu’une perspective théorique centrée sur la conceptualisation du fait d’« être né » peut élucider certains aspects de la relation qui se perpétue entre les femmes, souvent dans le secret, et qui entrent en collision avec les normes patriarcales. Le second objectif de l’article est de tenter d’expliquer pourquoi les rituels de vénération des sites d’enterrement des placentas ancestraux sont non seulement devenus aujourd’hui de plus en plus importants dans la vie personnelle, mais ont également généré de nouveaux groupes sociaux. Deux cas ethnographiques en Bouriatie sont utilisés pour montrer comment la recherche de la vitalité que peut insuffler un lieu est liée à la perturbation et à la dislocation tragiques de la société bouriate au cours du xxe siècle. Le site d’enterrement placentaire (même celui d’un ancêtre) imaginé comme un lieu d’origine lointain et une enfance paradisiaque est devenu une source de force et de libération émotionnelle pour celles et ceux qui tentent de faire face à un passé déchirant en se tournant vers l’avenir.