15 février 2021
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Luciano Pellegrini, « Conventions primitives. Rites, structures et style dans Les Natchez de Chateaubriand », Littératures, ID : 10.4000/litteratures.2595
Dans Les Natchez, l’ailleurs se présente comme une succession de rituels exotiques. L’écriture est également affectée par une sorte de ritualité, celle des conventions classiques – épithètes épiques, nobles périphrases, allégories chrétiennes et comparaisons mythologiques – qui parsèment la prose novatrice du roman. L’étude du thème de la ritualité indienne dans les Natchez permet ici de fonder une interprétation du style et de la poétique hybrides du roman. Une ritualité négative, celle par exemple des assemblées, qui sert les passions et l’abus politique, renvoie à la corruption de la communauté idéale. Elle s’oppose à des formes de ritualité informelle et sensible, solitaire ou en petit comité, qui témoignent de la volonté, illusoire, de se soustraire au courant de l’histoire : la sensibilité et la mentalité primitives rencontrent alors les traditions mythologique et chrétienne, cette rencontre donnant lieu à une ritualité spontanée, pétrie de tradition sans pour autant être figée. Lui aussi chargé de conventions antiques, et d’échos à la fois bibliques et mythiques, le style de l’auteur légitime une forme de mentalité primitive et analogique ne correspondant plus à aucun rite établi.