16 décembre 2019
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Irène Dietrich-Strobbe, « « J’étais un étranger… » (Mt, 25, 35) », Mélanges de l’École française de Rome - Moyen Âge, ID : 10.4000/mefrm.5787
Au XVe siècle, la présence à Lille – et bien davantage encore aux alentours de la ville – de groupes d’hommes, de femmes et d’enfants requérant une aide se lit en filigrane dans les comptes municipaux. Venus de loin, comme les groupes de « Petite Egipte » ou les pèlerins allemands, ou de plus près à l’instar des paysans fuyant la campagne environnante dévastée par la guerre, tous cherchent refuge dans la ville. Pourtant, tous ne sont pas admis à pénétrer dans la ville, loin de là. Ce sont les comptes de l’échevinage qui éclairent cette situation. En effet, régulièrement, les échevins se montrent charitables envers ces individus ou ces groupes afin de les éloigner rapidement de la ville. Il ne s’agit pas seulement d’une charité sélective – ce phénomène a par ailleurs été bien étudié – mais bien d’une charité répulsive, à l’inverse presque exact de la charité envers l’étranger prônée par le Christ et relayée par l’Église. Cette charité particulière sert des intérêts tant spirituels – assurer le salut de l’âme des échevins et, avec la leur, celle des Lillois – que terrestres. Il convient cependant de ne pas sous-estimer ces derniers. Pratiquée selon des modalités spécifiques (en matière à la fois de spatialité et de biens et denrées distribués), cette charité met en lumière l’une des manières dont les échevins lillois usaient pour maintenir leur ordre dans l’enceinte de leur ville.