5 février 2015
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Catriona Kelly, « From “counter‑revolutionary monuments” to “national heritage” », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.7928
L’auteur étudie l’évolution de la signification des édifices religieux dans le système interprétatif et l’échelle des valeurs de la fin de l’époque soviétique. Son étude porte sur Leningrad, une ville à l’importance architecturale certes reconnue mais qui a été érigée dans un passé relativement récent : en effet, la plupart de ses bâtiments majeurs sont postérieurs à 1760. La date, relativement tardive, de construction des églises de Leningrad ne les inscrivait pas nécessairement dans l’échelle des valeurs en cours pendant et après la Seconde Guerre mondiale (Grande Guerre patriotique), qui plaçait au pinacle les églises de l’époque médiévale. Nombre d’églises de la ville ne s’inscrivaient pas davantage dans l’échelle des valeurs architecturales admises par la ville elle‑même depuis le début du xxe siècle quand, traditionnellement, elle mettait en avant les bâtiments néo‑classiques construits entre 1780 et 1820. À l’époque brejnévienne, l’attitude envers l’architecture religieuse est devenue beaucoup plus favorable en partie du fait de l’évolution à l’échelle nationale des comportements envers l’Église orthodoxe russe et, dans les années 1960, de l’évaluation de l’héritage (fondation de la Société pour la protection des monuments d’histoire et de la culture de la Russie en 1965, et attitude de plus en plus accommodante envers l’évidence de la pratique orthodoxe depuis la fin des années 1970). Cette circonstance a radicalement modifié la perception qu’on avait d’une planification urbaine appropriée, de telle sorte que les églises, qui autrefois constituaient une gêne, ont commencé à être perçues comme essentielles au panorama urbain. Ce processus est significatif dans le cadre du propre développement de Leningrad en tant que ville mais aussi dans celui de l’histoire de la ville à la fin de l’époque soviétique dans la mesure où la présence accrue d’églises ne représentait ni une « normalisation » sur le plan international ni une contribution à la spécificité de la ville socialiste, qui a été si souvent discutée dans les rapports occidentaux sur cette période.