16 décembre 2016
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Vanessa Voisin, « Caught between war repressions and party purge », Cahiers du monde russe, ID : 10.4000/monderusse.9338
L’article tâche d’apprécier le rôle de la Seconde Guerre mondiale dans l’évolution des critères définissant le bon membre du parti, dans le prolongement d’un glissement, initié durant les années 1930, de critères généalogiques (origine sociale, passé politique...) vers des critères centrés sur le « soi » intime de l’individu. Tout d’abord, le texte étudie le lancement et le fonctionnement de la purge, de 1942 à l’immédiat après-guerre, tant à l’échelle soviétique qu’à celle d’une région dont la libération débuta précocement. Pour Moscou, l’épuration constituait une priorité essentielle, en dépit de la pénurie de militants dans les zones libérées. On observe cependant une certaine confusion entre les différents niveaux d’autorité quant aux critères de sanction, d’expulsion ou de maintien. La seconde partie de l’article se penche sur les critères eux-mêmes et leur signification dans l’histoire des purges du parti bolchevik. Certains communistes furent punis pour des raisons similaires à celles qui suscitaient au même moment des poursuites judiciaires, tandis que d’autres furent lourdement sanctionnés malgré l’absence de crime (au sens pénal) dans leurs agissements. Le sens profond de la purge repose dans ce second ensemble de motifs de sanction : pour les membres du parti, le second conflit mondial fut bien « l’Armageddon de la Révolution » (A. Weiner). Il ranima les valeurs originelles du bon bolchevik (esprit combatif et sens du sacrifice personnel au nom du projet collectif) tout en enracinant le recours à la nouvelle méthode d’évaluation des membres du parti : l’examen de leur conscience intime, supposée se révéler dans leurs actes. En même temps, la guerre ne testa pas uniquement la pugnacité des militants : plus généralement, elle mit à l’épreuve leur dévouement et leur sincérité à l’égard du parti. Cet angle de vue plus large permit à certains communistes restés en territoire occupé de ne pas être épurés. Néanmoins, la purge ébranla profondément les structures partisanes alors même que celles-ci étaient essentielles au rétablissement du contrôle du parti sur la société.