27 novembre 2016
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Bertrand Rouby, « Derrière la maison sans fenêtres : « The Last Postcard » de Lavinia Greenlaw », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.1505
Parmi les paysages abandonnés, entrevus ou reconstruits qui forment la trame du recueil Minsk (2003), Lavinia Greenlaw consacre un poème au tableau « Maison rouge » de Kasimir Malevitch (1932). Le choix surprend, et les défis sont multiples : il s’agit d’habiter par le poème un lieu sans portes ni fenêtres, d’investir par la narration un espace qui paraît s’y dérober et littéralement tourner le dos au spectateur, de creuser ce qui ressemble d’abord à un motif en plat. L’ambivalence du suprématisme s’y trouve dupliquée, entre austérité géométrique et transcendance de la sensation esthétique. Cette habitation, dont la possibilité s’offre à travers la modalité du doute, se déploie dans un dispositif situant le poème sur l’envers d’une carte postale, manière d’intercaler une épaisseur supplémentaire entre le support et le texte. La reproduction du tableau devient lieu de transitivité et de fabrication d’une communauté entre scripteur et récepteur, si bien que dans le temps nécessaire à la lecture du poème, véritable traversée des apparences, un assemblage hermétique de figures géométriques élémentaires s’est converti en lieu ouvert où fonder un partage.