18 décembre 2020
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0999-4203
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2496-4212
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Liliane Louvel, « Le « tournant exceptionnel » de Stanley Spencer : autoportraits et doubles portraits », Polysèmes, ID : 10.4000/polysemes.8248
Stanley Spencer est bien connu pour ses scènes souvent inspirées des Saintes Écritures, souvent situées dans son village natal de Cookham dans le Berkshire. Très critiqué à son époque pour ces scènes, jugées trop illustratives par Roger Fry et dont les personnages semblent désarticulés, avec des membres distordus, et une agitation frénétique, il n’en marqua pas moins son époque. Parmi les nombreuses œuvres de sa production picturale, les années trente marquent un changement important dans le choix des sujets. La pâte devient plus épaisse, les couleurs plus claires et nuancées, les personnages sont peints en gros plan. Il s’agit d’autoportraits et surtout de doubles portraits de nus avec celle qui était sa seconde femme à l’époque, Patricia Preece. Ces œuvres datent d’une époque particulièrement douloureuse pour le peintre. Le changement de manière est frappant également dans la mesure où il annonce certains des peintres de la génération suivante, tel Lucian Freud, qui allait lui aussi peindre des nus avec une pâte épaisse dans des postures jugées particulièrement indécentes pour les critiques et le public. Les « sex pictures » de Spencer telles qu’elles furent nommées ouvraient ainsi la voie à l’École de Londres tout en témoignant de la manière dont l’art subit les tourments de la vie.