11 janvier 2024
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Yann Tholoniat, « L’ombre au tableau : ce que l’art britannique (ne) dit (pas) de la souffrance animale », Pratiques, ID : 10.4000/pratiques.13458
L’art britannique est réputé pour ses peintres animaliers depuis le XVIIIe siècle. La peinture animale a évolué selon les demandes, en passant notamment de représentations de chasses à courre et de courses d’animaux d’abord, dont George Stubbs est le principal exemple, à des portraits animaliers ensuite, à l’époque victorienne, avec Edwin Landseer. S’ajoute à cela la tendance de l’esprit des Lumières à explorer les ressorts de la nature – et d’utiliser les animaux dans ce but : le tableau de Wright, An Experiment on a Bird in the Air-Pump (1768), illustre cet aspect. Les animaux sont réduits au silence par les humains : ces derniers rechignent en effet à considérer que les animaux communiquent et expriment des émotions personnelles. De plus, la peinture occidentale est un art dans lequel la parole, ou la communication, passe essentiellement par la mise en scène dramatique et la symbolisation. Au xixe siècle, les peintres préraphaélites utilisent les animaux dans une perspective allégorique, comme le montre bien The Scapegoat de William Holman Hunt. À la fin du xxe siècle, Damien Hirst essaya d’apaiser les polémiques suscitées par ses morceaux d’animaux conservés dans du formol en attirant l’attention sur le massacre des vaches à l’époque de la pandémie due à la maladie de Creuzfeldt-Jakob. En étudiant l’évolution des pratiques artistiques en Grande-Bretagne, nous nous interrogerons sur ce déni dans l’art britannique, qui, paradoxalement, était la souffrance animale dans le geste même de représenter des animaux non humains.