Nous dans les « rapports d’autoévaluation » de la recherche : un révélateur de logiques disciplinaires et institutionnelles ?

Résumé Fr En

Cette contribution se propose d’analyser le comportement du pronom nous dans les rapports « d’autoévaluation » produits par les laboratoires de recherche. Il s’agit de s’interroger sur ce que tisse, en discours, le pronom nous au sein d’un corpus de rapports d’autoévaluation produits en 2018 par 38 laboratoires de l’université de Nanterre. Nous émettons l’hypothèse que dans l’écrit hybride qu’est le rapport d’autoévaluation, le pronom n’échappe pas aux logiques disciplinaires. Notre analyse vise également à tester l’hypothèse selon laquelle le locuteur qui se plie à l’exercice réflexif du rapport d’autoévaluation différencie, consciemment ou non, la posture énonciative qu’il adopte en fonction des types diversifiés d’activités dont il rend compte. Au terme d’une analyse textométrique interrogeant les écarts d’emploi du pronom en fonction de variables externes telles que la discipline dont relève le laboratoire, son type de tutelle et sa position au sein de l’université, nous montrons comment les logiques disciplinaires ainsi que les positions des laboratoires sont à l’origine d’emplois discursifs pluriels et contrastés du pronom.

This contribution analyzes how the pronoun nous (we) functions in in the "self-evaluation" reports produced by French research laboratories. Our aim is to investigate what the pronoun nous (we) weaves in discourse within a corpus of rapports « d’autoévaluation » (self-evaluation reports) produced in 2018 by 38 laboratories of the University of Nanterre. We hypothesize that in the hybrid writing that is the rapport d’autoévaluation, the pronoun is determined by disciplinary logics. We also aim to test the hypothesis that the speaker who submits to the reflexive exercise of the self-evaluation report differentiates, consciously or not, the enunciative posture he adopts according to the diversified types of activities he reports on. We have conducted a textometric analysis in order to investigate how external variables such as the discipline to which the laboratory belongs, its type of supervision and its position within the university influence the uses of the pronoun. Thanks to this methodology, we show how the disciplinary logics, as well as the positions of the laboratories, are behind the plural and contrasted discursive uses of the pronoun.