Les orangs-outans aiment-ils peindre ? Étude préliminaire des variations du stress en captivité par dosage du cortisol et observation comportementale lors de l'enrichissement du milieu

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31 mars 2015

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Baptiste Sadoughi et al., « Les orangs-outans aiment-ils peindre ? Étude préliminaire des variations du stress en captivité par dosage du cortisol et observation comportementale lors de l'enrichissement du milieu », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2167


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La captivité peut être source d'ennui et de stress pour les primates, à l'origine d'une fréquence élevée de comportements stéréotypés et autocentrés. Le stress chronique menace la santé des individus car l'élévation anormale et constante des taux de glucocorticoïdes entraine une dépression du système immunitaire et des séquelles neurologiques. Pour tenter d'y remédier, des enrichissements sont parfois proposés aux animaux des parcs zoologiques. Cette étude préliminaire s'intéresse aux effets de la mise à disposition de matériel de peinture chez des orangs-outans. Les expériences ont été conduites du 30 juin au 22 aout 2014 à la Ménagerie du Jardin des Plantes du Museum National d’Histoire Naturelle, à Paris, avec trois orangs-outans femelles (45, 26 et 9 ans) hébergées ensemble. Le niveau de stress est évalué en combinant étude comportementale et dosage du cortisol salivaire. Avant l'enrichissement (période A de 13 jours) et pendant (période B de 11 jours), les observations visent à définir un budget d'activité, relever les comportements autocentrés et stéréotypés, caractériser les interactions entre orangs-outans et leur utilisation de l'espace et évaluer la densité du public. Lors des enrichissements, le temps passé à manipuler le matériel de dessin et l’usage qui en est fait par les orangs-outans sont également étudiés. Les séances de dessin (7 à 8 par individu) se déroulent soit individuellement soit en groupe, entre 9 h 45 et 10 h 15. Le matériel de peinture est composé d'une feuille et de quatre noisettes de peinture pour enfant (jaune, vert, bleu, rouge). Les sessions sont filmées côté visiteur depuis l'entrée des sujets dans la loge jusqu'à la fin de l'atelier, et leurs productions sont récupérées. Les dosages de cortisol nous permettent de comparer les taux obtenus en conditions normales et ceux en cas d'isolement - a priori stressant - avec ou sans enrichissement. Les trois individus sont d'abord entraînés à une méthode de prélèvement salivaire à l’aide d’une corde imprégnée de miel. Le cortisol est dosé dans des échantillons salivaires collectés (1) à 8 h 30 et 17 h en période A puis (2) à 8 h 30 pour les trois individus et 25 minutes après le début de l'isolement pour ceux qui participent à l'atelier en période B. Les dosages de cortisol salivaire sont effectués par méthode ELISA. Les résultats des dosages (n=39) obtenus lors de la période A valident la méthode de prélèvement de salive utilisée et mettent en évidence l'absence de variations nycthémérales du cortisol salivaire. La comparaison des périodes A et B met en évidence une réduction des comportements autocentrés et stéréotypés lors de l’isolement avec enrichissement, et en période B les valeurs de cortisol sont significativement moins élevées après la séance de dessin qu’à 8 h 30 (n=10 paires), l'ensemble indiquant une diminution du niveau de stress à l'échelle du groupe et des individus. Il existe des différences individuelles à la participation à l'atelier, alors que NN dessine spontanément et passe en moyenne 90 % de la séance à manipuler le matériel de dessin, TD semble surtout observer l'utilisation que NN en fait. Ces résultats préliminaires nous engagent à poursuivre l’étude afin de confirmer les bienfaits de la mise à disposition de matériel de peinture et à utiliser plus largement le dosage salivaire du cortisol pour le suivi du stress chez les orangs-outans en parc zoologique.

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