4 avril 2018
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Laure Hoenen, « Du macaque rhésus au macaque fascicularis : le refus de l’Inde de l’exportation de ses rhésus (1970-1990) », Revue de primatologie, ID : 10.4000/primatologie.2838
L’introduction dans les années 1920 des macaques rhésus comme animaux modèle de la recherche, notamment pour les tests de toxicité et la production de vaccins contre la poliomyélite, a instauré une dépendance des laboratoires à l’égard des pays exportant ces animaux. En 1978, lorsqu’il met un terme à l’envoi de ses rhésus vers l’Occident, le gouvernement indien prive la recherche mondiale d’un précieux « matériel ». Cette décision survient dans un contexte international de préoccupation grandissante pour la préservation des espèces sauvages, mais s’inscrit aussi localement dans un pays connu pour la place qu’occupe l’hindouisme. La communauté scientifique a donc dû faire face à une pénurie de primates modèle et s’est vue offerte plusieurs solutions. Les premières, non tenables à long terme, sont l’approvisionnement en rhésus dans d’autres pays d’Asie et l’élevage dans les pays utilisateurs. Ainsi le choix a été fait de se tourner vers une autre espèce : le macaque fascicularis. Celui-ci présente des avantages scientifique et financier. Cet article vise à démontrer qu’au-delà de la pertinence scientifique, le choix d’une espèce modèle résulte aussi d’impératifs économiques et culturels.