Pour une critique des médias

Résumé Fr En

Dans un entretien avec Béatrice Fleury et Jacques Walter, le chercheur Daniel Dayan explique son étonnement devant certains aspects du discours sur le Proche-Orient proposés par les médias français et européens, au moment de la seconde Intifada. Ce qui l’a amené à passer de l’indignation à la curiosité, à la rédaction d’un journal ensuite, puis à la transformation de son agenda de recherches, de façon à essayer de comprendre les phénomènes qu’il observait. Aujourd’hui, le sommet de la crise chroniquée dans le journal du chercheur est passé. Il est alors plus facile de rendre compte d’une ferveur qui a mené à bien des excès. Tout chercheur prend des risques en s’écartant des questions paradigmatiques posées par sa discipline pour en poser d’autres, en réponse à une situation historique. Une telle démarche est-elle néanmoins légitime ?

In an interview with Béatrice Fleury and Jacques Walter, media scholar Daniel Dayan tells about his astonishment concerning many aspects of the coverage of the Palestinian-Israeli conflict by French media during the period that has been called the « second Intifada ». Moving from amazement, to indignation, and to curiosity, Dayan explains how he progressively transformed his research agenda in order to describe and understand the striking phenomena he was witnessing. Today, the crisis is perhaps over. This makes it easier to look back at what took place during years of almost religious enthusiasm. A scholar is always at risk when he or she tries to propose analytic tools to address a current historical situation. Sticking to the paradigmatic questions dictated by a field is certainly much more comfortable. But then, what is the point of expertise ?