11 décembre 2023
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Thomas Michaud, « La science‑fiction institutionnelle chez Julian Bleecker et Brian David Johnson », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.12403
Depuis la fin des années 2000, de nouvelles pratiques visant à créer de la science‑fiction au sein des entreprises et des organisations ont fait l’objet de théorisations. Cet article s’intéresse aux deux méthodes les plus populaires : le design fiction, de Julian Bleecker et du Near Future Laboratory, et le science fiction prototyping de Brian David Johnson, de l’entreprise Intel. Après avoir présenté les principes directeurs de ces nouvelles pratiques de la créativité, cette étude théorise la science‑fiction institutionnelle, c’est‑à‑dire une science‑fiction produite par les institutions dans un but d’innovation. Dès lors, cette approche, qui pourrait bien constituer un nouveau courant, dénature en partie cet imaginaire de ses caractéristiques traditionnelles, et notamment de sa négativité critique, théorisée par Fredric Jameson. Deux possibilités principales sont envisagées concernant les récits produits par les institutions. Premièrement, cette science‑fiction conserve sa négativité critique et l’oriente vers les acteurs hostiles aux intérêts de l’institution. Il pourrait s’agir de concurrents d’une entreprise, des ennemis d’une armée, de groupes sociaux condamnés par un groupe d’intérêts comme une association ou un État, etc. Deuxièmement, cette science‑fiction développe une positivité apologétique. Elle est qualifiée d’idéotopique, c’est‑à‑dire un imaginaire louant les intérêts d’une institution, donc idéologique, à travers un récit utopique et performatif.