11 décembre 2023
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Rémi Auvertin, « La nature et les ruines : anciennes présences humaines dans le récit climatique de science‑fiction », ReS Futurae, ID : 10.4000/resf.12714
La modernité et le romantisme européens ont fait de la ruine humaine un symbole du passage du temps et de la chute des civilisations. Le motif persiste durablement dans la culture contemporaine et dans l’imaginaire archéologique du plus grand nombre. Cet imaginaire est bien présent en science‑fiction, et notamment dans des récits marqués par les bouleversements climatiques : si la nature même fait table rase, certaines traces d’occupations humaines échappent à la destruction complète. Quelle soit placée dans un cadre environnemental précis (la montée des eaux, le réchauffement, l’enneigement) ou dans un récit civilisationnel plus global, la ruine climatique peut être observée à la fois comme un discours architectural, comme un objet visuel et esthétique ou comme un dispositif narratologique. Construits à l’intersection de différents modèles culturels (l’imaginaire climatique ou archéologique, la ville postapocalyptique, la ville morte), ces paysages du quotidien, regagnés par la nature, cristallisent l’angoisse d’un non‑retour. À l’inverse, ils affirment la nécessité de l’adaptation aux nouvelles conditions environnementales et de la construction de nouveaux modes de vie. La présente réflexion, influencée par l’archéologie, porte sur deux médias complémentaires, le roman et la bande dessinée, dont la comparaison met en valeur la stabilité du motif mais également la tension entre réalisme et universalisme.