Les idiots de service

Résumé Fr En

En confrontant les données d’une enquête ethnographique menée au sein de la communauté survivaliste française et un fait divers, « l’affaire Mia », cet article cherche à comprendre les mécanismes qui permettent à certains acteurs de faire des autres des complotistes. En effet, le complotisme n’est pensé trop souvent que comme un écart à la vérité dont la nature se révélerait d’elle-même. Or, loin d’être un ensemble aux frontières nettes et immuables, le complotisme se présente comme un espace en tension où se jouent de violents rapports de force. Ainsi, c’est souvent moins par la véracité que par la confiance que se joue la disqualification d’un dire.

By confronting data from ethnographic fieldwork carried out amongst the French survivalist community and a news item, the “Mia affair,” this article seeks to understand the processes that allow some social actors to turn others into conspiracy theorists. Indeed, all too often, conspiracy is only thought to be a deviation from the truth that would reveal its true nature by itself. However, far from being a rigid group with clear and fixed boundaries, conspiracy presents itself to the researcher as an area of tension where power relations are played out in violent ways. It is therefore not so much through truthfulness as through confidence that the disqualification of a statement is determined.