27 février 2023
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Peter Dorey, « Conciliation, Co-operation, and Consensus: The One Nation Conservative Approach to Industrial Relations and Trade Unions, 1945-1990 », Revue française de civilisation britannique, ID : 10.4000/rfcb.10359
Bien que la relation entre le Parti conservateur et les syndicats ait souvent été caractérisée par une méfiance et une hostilité mutuelles, il y eut une période unique, de 1945 au début des années 1960, où les conservateurs de haut rang adoptèrent une approche conciliante et constructive à l'égard des syndicats, et insistèrent sur le fait que des relations industrielles harmonieuses ne pouvaient être garanties par une législation punitive ou des diktats politiques. Au lieu de cela, les conservateurs paternalistes One Nation qui dominaient le parti à cette époque, tels que Rab Butler, Joseph Godber, Ian Macleod, Harold Macmillan et Walter Monckton, soulignèrent que des relations pacifiées dans l'industrie ne pouvaient être garanties que par le développement de la confiance et d’une coopération plus étroite, le dialogue et le partenariat industriel. Cela reflétait le point de vue « One Nation » selon lequel les conflits industriels étaient souvent la conséquence d'un sentiment d'aliénation, d'insécurité et de sous-estimation des travailleurs dans des industries de grande taille et impersonnelles, où un fossé grandissant se creusait entre les travailleurs et les dirigeants et où des griefs mineurs couvaient. Cette stratégie consensuelle et conciliante devait permettre de réduire le militantisme syndical et, par conséquent, de diminuer le nombre de grèves visant à obtenir des augmentations salariales inflationnistes. Ceci, à son tour, réduirait la pression des conservateurs de droite en faveur d’une législation répressive contre les syndicats. À partir des années 1970, cependant, cette cohorte de conservateurs conciliants de type One Nation fut remplacée par une nouvelle génération de députés et de ministres conservateurs qui entamèrent une transformation idéologique du parti. Souvent issus de la classe moyenne inférieure ou de la petite bourgeoisie, nombre de ces nouveaux conservateurs plus jeunes étaient des hommes et des femmes qui avaient réussi par eux-mêmes et se considéraient comme les représentants ou les symboles des petites entreprises, des entrepreneurs individuels et des travailleurs indépendants en particulier. Ils étaient ouvertement hostiles aux syndicats, estimant que ces derniers et leur militantisme industriel étaient responsables de nombreux problèmes économiques britanniques, tels que les augmentations de salaire excessives, l'inflation élevée, la faible productivité et l'incapacité de la direction à prendre des décisions commerciales difficiles, notamment l'introduction de nouvelles pratiques et technologies de travail, en raison de la probabilité qu'elles entraîneraient des grèves des syndicats soucieux de défendre les emplois. Le déclin des conservateurs One Nation s'est ainsi accompagnée d'une approche beaucoup plus combative et conflictuelle du parti conservateur à l'égard des travailleurs et des syndicats depuis les années 1970.