5 janvier 2021
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Catherine Heyrendt-Sherman, « Re-presenting the French Revolution: the impact of Carlyle’s work on British society and its self-representation », Revue française de civilisation britannique, ID : 10.4000/rfcb.6118
Au-delà des événements, l’impact de la Révolution française en Grande-Bretagne se fit sentir à travers le pouvoir des textes écrits qui la représentaient. L’identité, les institutions et la cohésion sociale du pays pouvaient dépendre de la « littérature de pouvoir » maniée par ses penseurs politiques. The French Revolution (1837) de Thomas Carlyle arriva à un moment charnière. Carlyle appartenait à une tradition antérieure à celle des historiens professionnels aspirant à une « littérature de savoir » ; mais le temps écoulé lui permettait de proposer une forme de « littérature de pouvoir » novatrice et unique sur la Révolution. S’il conserva l’imagerie violente des représentations précédentes, il rendit les débordements populaires plus humains, présentant des justifications tant rationnelles que métaphoriques, mettant l’accent sur l’inévitabilité de ce qui s’apparentait à un cataclysme naturel. De fait, le lecteur britannique ne pouvait plus se sentir au-dessus d’une telle expérience. Grâce au nombre rassurant d’années écoulées, la perspective d’une révolution britannique sur le modèle français pouvait être envisagée sans être aussi violemment rejetée, tout en suscitant un certain frisson. Carlyle saisit cette occasion pour inclure des allusions aux problèmes sociaux britanniques des années 1830, finissant par écrire un puissant texte d’histoire sociale.