5 février 2019
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/0399-1989
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2649-860X
https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/4.0/ , info:eu-repo/semantics/openAccess
Catherine Repussard, « Ein bisschen Südsee und ein gutes Maß Lebensreform:Das Rezept für das beginnende 21. Jahrhundert? », Recherches germaniques, ID : 10.4000/rg.532
Deux romans parus ces deux dernières années, Das Paradies des August Engelhardt (2011) de Marc Buhl et Imperium de Christian Kracht (2012), semblent vouloir concocter le remède dont notre XXIe siècle commençant aurait besoin : un zeste de paradis tropical et une bonne dose de préceptes issus du mouvement de la réforme de la vie (Lebensreform). Tous deux mettent en scène des visions apocalyptiques et des tentatives de rédemption, loin de la vieille Europe honnie, réactualisant ainsi la critique de la civilisation occidentale telle qu’elle s’est déployée autour de 1900 qui semble finalement refléter la situation de notre époque. Tous deux traitent de la tentative de développer sur l’île de Kabakon, en Papouasie Nouvelle Guinée allemande, un « Ordre du soleil », reposant sur quelques principes simples inspirés de la Lebensreform et défendus par le guide spirituel de l’Ordre, August Engelhardt : renoncement à tout produit occidental (à l’exception des livres), végétarisme (de préférence cocovorisme), nudisme, abstinence, vie communautaire, renoncement à toute forme de propriété. Au travers de ces principes que l’on a pu considérer comme l’expression de l’authenticité, de la liberté et surtout de la « naturalité » dont on cherchait à déterminer les contours aussi fébrilement autour de 1900 qu’autour de 2000, les deux romans posent la question des relations entre les défenseurs européens d’une prise de conscience environnementale et des « naturels », ainsi que l’on désignait les indigènes à l’époque, et thématisent les dangers du développement d’un régime autoritaire sous forme d’un écofascisme.