28 juillet 2021
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Claude Blanckaert, « Les animaux dénaturés », Revue d’histoire des sciences humaines, ID : 10.4000/rhsh.5713
À la recherche de régularités phénoménales ayant valeur de lois pour l’ensemble du genre humain, l’anthropologie accueille avec défiance les rares récits de jeunes ensauvagés vivant à bonne distance de leurs semblables. La représentation de ces prétendus « élèves de la nature » brusque les vérités reçues sur la nature de l’homme, sa supériorité et l’amplitude de ses variations accidentelles. Sous le rapport des capacités affectives et intellectuelles, ils n’incarnent nullement cet éveil de la conscience qu’on prête à l’humanité naissante, démunie mais perfectible. Le rapport spécifique des anthropologues au paradigme de l’ensauvagement témoigne pourtant d’une fascination durable pour leur manière propre d’exister. Leur étude offre donc un test précieux des hypothèses relatives à l’économie de la sensibilité organique, la part de l’instinct dans l’expérience du monde, l’état originel de notre espèce et, en définitive, ce qu’est, ou non, l’homme « selon la nature ».