Masturbation, empowerment, jouissance. Le plaisir à soi dans la pornographie féministe et queer

Résumé Fr En

Cet article s’intéresse au « processus de la modernisation de la sexualité » en passant par son étude scientifique. « L’aveu », cette confession involontaire des vérités corporelles, sera l’élément principal dans la construction de cette sexualité moderne. Celle-ci est à la recherche des techniques pour exercer un pouvoir sur les plaisirs dans le but de produire « le plaisir de la connaissance : le plaisir qui vient de la connaissance des plaisirs ». La sexualité est placée au centre des discours de pouvoir tels que les structures juridiques, psychologiques et médicales. Ce pouvoir qui prend le contrôle de la sexualité devient une source de plaisir. Néanmoins, les femmes sont passives face au regard actif masculin et sont présentées en tant qu’objet à deux niveaux : celui du regard du protagoniste masculin ainsi que du spectateur présupposé masculin et hétérosexuel. Le regard que les femmes portent sur elles-mêmes est empreint des fantasmes masculins et des rôles genrés traditionnels parce que le regard pornographique est resté un privilège du masculin. Le sexe féminin est caché, mystifié et difficile à imaginer. Les femmes étaient exclues des représentations et de la connaissance de leurs corps, de leur sexualité, de leur plaisir.

This article looks at the “process of the modernization of sexuality” through its scientific study. “Confession”, the involuntary confession of bodily truths, will be the main element in the construction of this modern sexuality. It seeks techniques to exert power over pleasures, with the aim of producing “the pleasure of knowledge: the pleasure that comes from the knowledge of pleasures”. Sexuality is placed at the center of discourses of power such as legal, psychological, and medical structures. This power, which takes control of sexuality, becomes a source of pleasure. Nevertheless, women are passive in the face of the active male gaze and are presented as objects on two levels: that of the male protagonist’s gaze, and that of the presupposed male and heterosexual spectator. The way women look at themselves is imbued with male fantasies and traditional gender roles, because the pornographic gaze has remained a male privilege. The female sex is hidden, mystified, and difficult to imagine. Women were excluded from representations and knowledge of their bodies, their sexuality, and their pleasure.