15 mai 2017
Ce document est lié à :
info:eu-repo/semantics/reference/issn/2271-6424
All rights reserved , info:eu-repo/semantics/openAccess
Sujata Iyengar, « Shakespeare Transformed: Copyright, Copyleft, and Shakespeare After Shakespeare », Actes des congrès de la Société française Shakespeare, ID : 10.4000/shakespeare.3852
Comment définir les différentes versions des œuvres de Shakespeare ? Le vocabulaire est foisonnant : on utilise, de façon presque interchangeable ou sous rature, les termes d’appropriation, d’adaptation, de produit dérivé, de recontextualisation, de variation, de réélaboration, etc. Cet article évalue l’utilité de telles distinctions et passe en revue les taxonomies existantes en prenant comme point de départ la nécessité pour les chercheurs de justifier l’emploi de tel ou tel terme, et ce pour permettre aux penseurs, aux lecteurs, aux écrivains et aux artistes qui s’intéressent à Shakespeare de disposer d’un discours commun, même si celui-ci fait l’objet d’un débat. L’ajout d’une nouvelle catégorie semble souhaitable : celle des transformations. En effet, dans le contexte américain, les notions d’adaptation et d’appropriation appartiennent à la législation sur la propriété intellectuelle ; or, si les appropriations shakespeariennes peuvent transformer la culture, les formes littéraires, la créativité, la pédagogie, et même poser un défi à l’économie de marché, c’est en partie parce que les textes de Shakespeare ont été écrits avant les lois sur le copyright en vigueur de nos jours aux États-Unis. L’usage que nous pouvons faire de ces textes est donc déjà une « transformation ». Les appropriations shakespeariennes transforment la production créative et jouent un rôle dans la culture standardisée contemporaine ou dans l’expression d’une identité hypermédiatisée et monétisée. Les transformations de Shakespeare, à la fois dans les médias traditionnels et dans les nouveaux médias, fournissent un modèle pour les nouvelles économies créatives hybrides annoncées il y a dix ans par Lawrence Lessig, en partie à cause de sa « diffusabilité » (mot employé par Henry Jenkins, Sam Ford et Joshua Green pour parler d’un contenu qui peut être remixé, partagé, saisi, etc.) et de son « adhésivité » (stickiness, terme popularisé par Grant Leboff, Sticky Marketing: Why Everything in Marketing Has Changed and What to Do About It, Londres, Kogan Page, 2011, qui renvoie au pouvoir d’attirer des usagers fréquents qui vont développer un lien durable au document original).