15 janvier 2009
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Hélène Aji et al., « Poétiques de la voix », Sillages critiques, ID : 10.4000/sillagescritiques.619
La voix énonce un paradoxe : signe in absentia, elle est une fiction de présence, signe d'un corps qui a été, et qui fait retour. En ce qu'elle est à la fois expression et travestissement de l'intimité, émanation de l'intérieur et manifestation au monde extérieur, la voix est pour ainsi dire théâtrale par définition. Instrument de la médiation, elle est d'abord passage, interface, limite entre les sphères du dedans et du dehors, expression et communication, et se définit contrastivement. Instrument de l'expression individuelle parce que son timbre est unique, elle est signature aérienne, moyen de reconnaissance subtil. Travaillée, elle est éloquence, conviction, persuasion, et même charme. Mais qu'elle soit chant ou parole, la voix est par excellence l'aporie de l'incarnation : elle est et n'est pas. Résidu de présence dans le texte, elle est spectre, substitution, absence ou distance. C'est dire que plusieurs types de ventriloquie et de prosopopée sont considérés dans les douzes études qui composent ce livre.