Entre mémoire et attente de la République sociale Temporalités de la poésie d’Eugène Pottier

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Cet article revient sur une configuration temporelle vécue par les réformateurs et révolutionnaires du XIXe siècle en France. Cette configuration est particulièrement perceptible dans la poésie d’Eugène Pottier (cf. Quand viendra-t-elle ?, L’Internationale…). Ces temporalités apparaissent entre mémoire des expériences politiques précédentes et attente d’un retour de la République sociale. Elles sont inséparables des temps et des rythmes historiques propres au XIXe siècle. Mais leur dimension sociale peut être approchée à partir de trois registres : religieux (l’attente millénariste du salut), politique (l’attente de l’événement) et sentimental (l’attente de la prochaine rencontre amoureuse). Il est permis de penser que les temporalités du projet d’émancipation sociale, contenues dans les textes de Pottier, ne doivent pas être réduites à celles d’un millénarisme de substitution. On peut y déceler une temporalité de l’attente plus profane, qui renonce au désir d’éternité tout en gardant un sens de l’infini.

This article takes a new look at the temporal configuration imagined by reformers and revolutionaries of the nineteenth century in France, as Eugène Pottier’s poetry makes particularly clear (When will it happen ?, Internationalism…). Such temporalities seem to be caught between remembering political experiences and waiting for the return of the social Republic. Inseparable from historical times and rhythms, they are specific to the nineteenth century. But their social meaning can be approached from three different angles: religious (the millennial belief in salvation), political (waiting for the event to take place), and sentimental (waiting for one’s next love). It is permissible to state that the temporalities of the project of social emancipation contained in Pottier’s writings must not be reduced to a substitute millennialism, for we discern in them a more secular temporality of expectation that renounces the desire for eternity, while still preserving a sense of the infinite.