15 mars 2009
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Daniel J. Sherman, « Paradis à vendre : tourisme et imitation en Polynésie-Française (1958-1971) », Terrain, ID : 10.4000/terrain.2434
Les projets de développement du tourisme de masse en Polynésie-Française au début des années 1960 exploitèrent pleinement les qualités légendaires de Tahiti, la plus célèbre et peuplée des îles du territoire. Les autorités coloniales et l’élite métisse promirent aux touristes une expérience collant à l’image floue mais attrayante d’un paradis terrestre, et comprenant l’accès à un artisanat et à des spectacles locaux censément « traditionnels ». Après plus d’un siècle de contact européen et d’administration française, une telle offre exigeait des habitants du cru qu’ils s’engagent dans une sorte d’auto-imitation en transformant leurs traditions en show touristique. En même temps, toutefois, la Polynésie comme foyer d’un vigoureux mouvement autonomiste était le théâtre d’un autre genre d’imitation, celle-ci politique, qui plaçait les Français face aux contradictions d’un régime de « modernisation » incluant non seulement le tourisme mais, sous la forme d’essais nucléaires, un changement technologique rapide. Le choc de ces deux formes d’imitation illustre de manière éclairante les contradictions et ambiguïtés non seulement du tourisme culturel mais également du colonialisme finissant.