30 juin 2022
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Anthony Kwame Harrison, « A Five Star Flop: The Collision of Music Industry Machinations, Genre Maintenance, and Black Britishness in 1980s Pop », Transposition, ID : 10.4000/transposition.6881
« Conquérir l’Amérique ». Autrement dit remporter sur le marché de la musique aux États-Unis un succès comparable à celui qu’ils ont obtenu au Royaume-Uni : tel est le vœu pour l’année 1988 que prononcent les membres du groupe pop britannique Five Star au micro de Mike Read, animateur sur Radio 1 BBC, dans une interview menée en 1987. Formé en 1983, le groupe composé de cinq frères et sœurs enchaîne les succès en Grande-Bretagne entre 1985 et 1987, classés à six reprises dans le top 10 des meilleures ventes, avant de recevoir en 1987 le prestigieux Brit Award du meilleur groupe britannique, en grande partie grâce au succès de leur deuxième album Silk and Steel. Mais leur quatrième album, Rock the World, sorti en août 1988, voit sa chanson la mieux classée n’atteindre qu’une modeste 49e place dans le Single Chart britannique, amorçant le déclin dramatique de Five Star. Le groupe ne parviendra jamais à percer sur le marché américain – sa meilleure chanson au Billboard Hot 100, le single de 1986 intitulé « Can’t Wait Another Minute », ne se hisse qu’à la 41e position – et restera pratiquement inconnu de la plupart des amateurs de musique américains. En associant une sociologie des organisations fondée sur la production de la culture, avec un examen musicologique de l’histoire et de la définition des frontières des genres musicaux, et une évaluation critique de la façon dont l’identité britannique noire du groupe a été présentée et reçue, cet article montre comment la visibilité éphémère de Five Star au Royaume-Uni, et son invisibilité aux États-Unis, ont peu à voir avec la qualité de leur musique, mais doivent être attribuées aux politiques de l’industrie et aux impacts transnationaux des notions dominantes de race, de genre et d’authenticité sur la réception de la musique populaire.