28 juillet 2016
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Amandine Ducray, « Take Me Back to Dear Old Blighty? », TV/Series, ID : 10.4000/tvseries.1411
Encore largement absentes du petit écran français, les séries humoristiques reposant sur des situations ethniques sont, en revanche, une constante en Grande-Bretagne depuis les années soixante-dix, lorsqu’apparaissent les premières sitcoms ethniques (black sitcoms), terme alors utilisé pour désigner des comédies de situation mettant en scène le contact entre des Britanniques issus de communautés minoritaires et des représentants de la « majorité » blanche. Dix à vingt ans plus tard, l’avènement d’un multiculturalisme télévisuel contribue à faire évoluer le paysage audiovisuel ; au face-à-face « Nous »/« Eux » succèdent bientôt des séries comiques focalisées sur un univers minoritaire (all black sitcoms), britannique noir d’abord, puis britannique sud-asiatique. Au début du vingt et unième siècle, les réalisateurs, comédiens et scénaristes tendent cependant à abandonner progressivement le genre « comédie de situation » pour des formats sériels plus souples. On assiste alors à l’émergence d’un large panel de sketch shows qui donnent à voir, successivement, voire parallèlement, des identités « de trait d’union » fondamentalement hybrides, mais aussi plus exclusivement blanches. À l’heure où certains membres de la « majorité » dite « de souche » se sentent parfois « minoritaires » du fait du multiculturalisme, un vent de nostalgie paraît en effet s’emparer d’humoristes et de spectateurs britanniques blancs en quête d’identité et qui semblent trouver dans la comédie un moyen détourné de renouer avec leurs racines. Adoptant une approche diachronique, le présent article s’attachera à observer les mutations des séries comiques à la télévision britannique dans leur approche de la question ethnique au sens large afin de voir comment, entre déplacements, hybridation et oscillation, elles ont pu refléter un questionnement durable, complexe et encore largement d’actualité en matière de relations raciales.