4 juillet 2021
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Racha Sallemi, « Marqueurs territoriaux ou marqueurs patrimoniaux : l’appropriation de l’espace marin coutumier au sahel tunisien face aux disruptions des récentes logiques environnementales de l’État », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.31125
Les concepts des savoirs autochtones et locaux prônés dans les forums internationaux sur le développement durable tendent à s’imposer comme le paradigme contemporain de la protection de la biodiversité. Leur intégration au sein des processus de création et de gestion des aires marines protégées (AMP) peut être considérée comme un moyen d’atteindre les objectifs spécifiés de la gestion intégrée. À partir de l’exemple du premier projet d’AMP en Tunisie localisé autour des îles Kuriat au sahel tunisien (littoral centre-est), cet article en analyse les niveaux d’acceptabilité à la lumière d’une approche transdisciplinaire (géographie, histoire, sociologie, ethnologie) des niveaux d’ancrage des pêcheurs à l’espace halieutique, à travers notamment leurs savoirs locaux. Des savoirs de natures multiples qui concernent l’environnement marin, la biologie de la faune/flore marine et les techniques de prélèvement de la ressource halieutique. Entre rupture et continuité d’usage de ces savoirs, cet article décrit la hiérarchisation qui s’est mise en place au sein des pêcheurs à travers l’évolution historique des techniques de pêche mais aussi à travers un jeu d’appropriation et de désappropriation de l’espace marin. Ce processus a conduit à la constitution d’une élite puissante dont les revendications d’accès à la ressource évoluent en dehors de tout cadre institutionnel et constituent un frein au projet d’AMP. Un cadre qui demeure marqué par une faible pénétration des approches participatives, étant donné la nature autoritaire des modes d’action de l’État ainsi que la pesanteur des trajectoires socio-politiques locales malgré les changements « démocratiques » induits par la révolution en Tunisie.