1 décembre 2004
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Bertrand Cazalet, « Les aires marines protégées à l’épreuve du sous-développement en Afrique de l’Ouest », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.3274
La contribution des Aires Marines Protégées (AMP) est essentielle à la conservation des écosystèmes mondiaux et au développement socio-économique des populations des pays pauvres. Le concept d’AMP s’est développé à partir des années 1970 à la faveur d’une prise de conscience par la communauté internationale des destructions engendrées par les activités humaines et de leurs conséquences parfois irréversibles sur l’environnement. Le droit international, d’influence occidentale, a toujours constitué la « base légale » de la création et de l’évolution des AMP. Dès les années 1990, de nouvelles notions juridico-politiques apparaissent : les notions de durabilité et de gouvernance qui vont intégrer de nouvelles priorités dans les objectifs des AMP et les conditions de leur mise en œuvre, notamment à travers la démarche participative et les mouvements de décentralisation. La construction des AMP en tant qu’outil juridique et administratif, obéit à la dialectique des politiques publiques. La structure institutionnelle et son cadre normatif sont également marqués par un phénomène d’importation des modèles occidentaux. Toutefois, le syncrétisme juridique des Etats en développement, dévoile des mécanismes de fonctionnement des AMP originaux et sui generis. Par voie de conséquence, l’applicabilité juridique de ces systèmes est très variable, mais permet d’en dégager quelques caractéristiques communes : la remise en cause de la légitimité et de l’efficacité de l’action publique, les difficultés pour mener des réformes politiques d’envergure susceptibles d’améliorer la gestion des espaces protégés, la multiplication des acteurs intervenants directement ou indirectement sur ces espaces, la tendance à une « privatisation » des AMP par des institutions extérieures qui revendiquent une part de responsabilité et enfin la déstabilisation par le marché qui constitue certainement la menace la plus franche pour l’avenir des AMP et des populations autochtones.