28 juin 2022
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Abdoulay Mfewou et al., « Variabilité climatique au Tchad : Perception et stratégie d’adaptation paysanne à Kélo (Tchad) », VertigO - la revue électronique en sciences de l’environnement, ID : 10.4000/vertigo.35399
Au Sud du Tchad, l’analyse de la variabilité climatique, de 1983 à 2012, montre que les totaux pluviométriques annuels sont de 606,9 millimètres et la température moyenne annuelle est de 28,9°C, avec des séquences d’inondations et de sécheresses récurrentes. Cette situation a un impact considérable sur les territoires qui enregistrent de fortes évolutions rapides, plongeant les populations rurales dans la misère et l’insécurité alimentaire chronique. Abordant la problématique de la gestion des risques climatiques pour la société paysanne, les décideurs politiques interviennent faiblement pour soutenir les mécanismes d’adaptation locale. À travers la perception empirique, les paysans adoptent la stratégie de reboisement dans les bas-fonds en incluant un petit arbre épineux du nom de Balanites aegyptiaca, qui peut faire cent ans et qui peut survivre deux ans sans pluie. La présente étude a été menée à Kélo (59 560 habitants) au sud du Tchad. Elle analyse les perceptions et les stratégies d’adaptation paysannes face à la variabilité climatique. Les données relatives aux savoir-faire des paysans ont été recueillies, pendant cinq (5) mois, à travers des enquêtes auprès de 140 chefs des ménages choisis aléatoirement dans cette zone. Il ressort de nos résultats que les paysans (80%) détiennent d’importantes connaissances empiriques sur le calendrier agricole et les connaissances des variétés d’arbres adaptés au sahel, tels que Balanites aegyptiaca, Faidherbia albida, Acacia raddiana ou Phoenix dactylifera qui résistent mieux à la variabilité climatique. dont le pouvoir public incite la population de multiplier les plants en pépinière et redistribuer aux paysans pour un reboisement dans l’espace pour lutter contre l’avancée du désert. Les paysans ont aussi montré que la résilience découle des connaissances empiriques par la consultation des sages. Ils perçoivent une baisse des pluies (75 %), une hausse des températures (95 %) et des vents violents (96,7 %). De ce fait, le paysan pratique une forte adaptation du système de culture par repiquage de sorgho et de riz. Il utilise aussi des variétés locales (maïs, mil, sorgho, riz) à cycle court et à faible rendement agricole. Comme autre stratégie d’adaptation le paysan construit des retenues d’eau pour faire les arrosages manuels et réguliers en cas de besoin. Les politiques et chercheurs doivent donc fortement intervenir pour orienter et encadrer les paysans dans l’accompagnement de la stratégie paysanne de résilience aux aléas climatiques.