2002
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Études littéraires ; vol. 34 no. 3 (2002)
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Joubert Satyre, « Théâtre et ostentation dans Mère-Solitude », Études littéraires, ID : 10.7202/007759ar
En dépit des controverses qu’il suscite, le baroque n’a cessé de prouver sa validité opératoire sur le plan littéraire. L’application de cette esthétique à l’oeuvre romanesque d’Émile Ollivier a, une fois de plus, confirmé cette validité et montré qu’on peut sortir avec succès le baroque de son cadre historique et géographique.Notre article analyse les manifestations de la théâtralité dans Mère-Solitude. La théâtralité est liée à l’ostentation qui constitue avec la métamorphose les deux traits que les théoriciens ont reconnus au baroque littéraire. Elle exprime la propension du baroque à valoriser le paraître, comme pour masquer son échec à saisir l’essence des êtres et des choses. Dans Mère-Solitude, les lieux privilégiés de la théâtralité et de l’ostentation sont la demeure des Morelli, les habits d’apparat qu’exhibent les personnages et le carnaval, fête au cours de laquelle le baroque tente d’exorciser l’angoisse que suscite l’annihilation des êtres et des choses. La théâtralisation de la vie illustre également l’idée bien baroque que la vérité s’avance masquée. Ainsi, par un paradoxe qui lui est propre, le baroque nous invite à aller au-delà des apparences, mais nous savons que cette course est vertigineuse et que tout ce que nous trouverons, ce sont d’autres apparences. C’est là l’un des ressorts du tragique dans le baroque que fait sien l’oeuvre d’Ollivier.