2002
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Études françaises ; vol. 38 no. 1-2 (2002)
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René Major, « Derrida, lecteur de Freud et de Lacan », Études françaises, ID : 10.7202/008398ar
Dès les commencements de son travail philosophique et tout au long de son oeuvre, depuis « Freud et la scène de l’écriture » (dans L’écriture et la différence), « Spéculer — sur “Freud” », « Le facteur de la vérité » (dans La carte postale), jusqu’à Résistances — de la psychanalyse, Mal d’Archive et États d’âme de la psychanalyse, Derrida n’a jamais « oublié » la psychanalyse. Contre une doxa philosophique vouée à la plate restauration de l’autorité de la conscience et d’un vieux principe de raison, Derrida n’a cessé de penser l’ébranlement opéré par Freud, puis Lacan, par le décentrement de cette conscience. Son rapport à la psychanalyse est en ce sens originaire et original, à la fois de tension et d’ouverture, ce qui implique en retour que la psychanalyse ne saurait forclore les voies frayées par les lectures derridiennes sans s’oublier elle-même. L’auteur analyse ici les échanges en jeu dans ce double rapport, montrant comment la « logique » de l’inconscient et les « concepts » freudiens sont essentiels à la pensée de la trace et de la différance, mais aussi comment la lecture de Derrida se révèle nécessaire à de nouvelles avancées de la psychanalyse, insistant notamment sur l’importance de la désistance du sujet pour penser la responsabilité depuis l’inconscient aujourd’hui.