2007
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Cahiers de géographie du Québec ; vol. 51 no. 143 (2007)
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Anne Gilbert, « Vers l’émergence d’une nouvelle géographie sociale de langue française ? », Cahiers de géographie du Québec, ID : 10.7202/016600ar
L’évolution récente de la géographie québécoise ne serait pas sans rappeler celle qu’observait Christine Chivallon en France à propos de la dichotomie entre géographie sociale et géographie culturelle. Ici comme là-bas, on remarque toutefois des recoupements de plus en plus étroits entre ces deux perspectives, d’une part à la faveur d’un intérêt marqué des géographes de la société pour la représentation et l’identification dans l’étude de la territorialité, d’autre part de la tendance de plus en plus forte des géographes de la culture de reconnaître la socialité à l’oeuvre dans le dispositif territorial. Au Québec notamment, les deux géographies témoigneraient d’un intérêt commun pour la question nationale, telle qu’elle découle de la rencontre sur le territoire de populations au pouvoir inégal. L’analyse comparée des travaux de deux jeunes géographes, l’une française, l’autre québécois, partageant un point de vue similaire sur l’imbrication du social et du culturel, permet de voir jusqu’à quel point les trajectoires, en dépit de certaines différences liées au contexte, ont été analogues dans ces deux lieux de production d’un savoir géographique de langue française. Cette convergence n’est pas sans rappeler celle qui a donné lieu, durant les années 1980, à la consolidation d’une nouvelle géographie culturelle anglo-saxonne. Les courants français et québécois de la géographie de langue française seraient-ils en train de faire naître, de part et d’autre de l’Atlantique, une nouvelle géographie sociale ?