2008
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Politique et Sociétés ; vol. 27 no. 1 (2008)
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Fabien Guillot, « Villes détruites, villes construites : Réflexion sur les stratégies politiques et militaires à partir de l’exemple des conflits israélo-arabes (Liban, Israël, Palestine) », Politique et Sociétés, ID : 10.7202/018047ar
À la fois terrain, enjeu et instrument, la ville est une composante évidente de la problématique du conflit. Cette réflexion géopolitique, partant d’observations et de recherches sur la situation au Proche-Orient, tente d’apporter un éclairage sur les liens existants entre villes et stratégies politiques et militaires. Ce faisant, il s’agit de mesurer la nature complexe, parfois contradictoire mais bien réelle, de ce lien autour duquel se matérialisent les stratégies politiques et militaires, selon des rapports de force changeants. Au cours des conflits qui ont émaillé l’histoire du Proche-Orient, trois axes de la stratégie militaire et politique d’Israël et de ses voisins arabes peuvent être repérés : la guerre ouverte, la zone tampon (ou glacis), l’occupation et l’annexion. Quelle est la place de la ville dans ces axes stratégiques ? Du fait de l’omniprésence de la ville dans ce contexte de guerre, on peut repérer trois situations pour les villes : la ville détruite, la ville occupée, la ville produite. Dans chacun des cas, Beyrouth et plus largement des villes du Liban, les villes palestiniennes ou encore les « villes-colonies », la Homa Oumigdal des implantations juives en Cisjordanie, sont autant d’exemples sur lesquels notre propos s’appuie. Aussi cherchons-nous à montrer comment les villes peuvent matérialiser la dimension spatiale des pensées politique (idéologique) et militaire illustrées par des actes et des faits.