2008
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Frontières ; vol. 20 no. 2 (2008)
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Alice Verstraeten, « La musique de la « disparition » : Une reconstruction du sens par les sens », Frontières, ID : 10.7202/018338ar
Lorsque la dictature militaire argentine (1976-1983) systématise la disparition forcée, il s’agit non seulement de tuer les opposants, mais d’enfermer l’ensemble de la société dans le silence et la terreur. Pourtant, les familles de disparus résistent, et l’art est pour une grande part dans la lutte contre un indicible tétanisant. La musique apparaît alors comme une façon de réélaborer le sens et le symbolique détruits. Et ce processus génère un espace social alternatif à la terreur. Mêlant rock et murga, les manifestations mettent en scène des douleurs partagées. Par les émotions qu’elles charrient, elles renversent la nature intrinsèquement négative de l’indicible pour en faire une force. Elles transmettent un savoir situé au-delà ou en deçà des mots, elles font sens par les sens. Elles permettent aux victimes de faire corps et de réélaborer du sens pour, ensuite, le proposer à la société dans son ensemble.