1994
Ce document est lié à :
Journal of the Canadian Historical Association ; vol. 5 no. 1 (1994)
All rights reserved © The Canadian Historical Association/La Société historique du Canada, 1995
Veronica Strong-Boag, « Presidential Address: Contested Space: The Politics of Canadian Memory », Journal of the Canadian Historical Association / Revue de la Société historique du Canada, ID : 10.7202/031070ar
On ne compte plus les complaintes néo-conservatrices à l’endroit de l’état de l'histoire canadienne. Pourtant, la vielle histoire à laquelle on voudrait retourner a rarement été à même de caractériser la réalité du passé, ou encore de se pencher sur les questions urgentes du moment, préoccupée qu elle était par les élites blanches et masculines, incapable, le plus souvent, d'interroger les relations de pourvoir à l'intérieur de la société canadienne ou d'envisager tout phénomène d'oppression. Les revues de la première heure regorgent d'instances de cette étroitesse de vue, que ce soit par leur traitement des expériences des femmes et des problèmes sociaux de sexe — par leur approche de toute la question des races, ou encore par la place qu’elles ont réservée aux divisions de classe dans la société canadienne. Il serait donc présomptueux de croire que notre profession puisse offrir ses conseils dans les débats courants sur la « question nationale » sans qu’elle examine les relations d'oppression qui nous ont laissé, par example, un horrible héritage de brutalité envers les enfants et de violence en général. Ce n'est que quand les historiens aurount élargi leur regard, en reconnaissant les privilèges et en créant une communauté académique plurale, que nous serons plus à même de réfléchir sur la vie canadienne. Voilà le premier pas en direction de la construction de façons de vivre ensemble, quels que soient leurs cadres constitutionnels, qui ne requerront plus que des voix soient désavantagées tandis que d'autres sont autorisées à conserver le monopole des décisions au sujet de ce qui constitue la vérité, la citoyenneté et l'identité.