Le travail sur la lettre : politique de décentrement ou tactique de réappropriation?

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1998

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TTR : traduction, terminologie, rédaction ; vol. 11 no. 1 (1998)

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Tous droits réservés © TTR: traduction, terminologie, rédaction — Les auteurs, 1998

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Le travail sur la lettre : politique de décentrement ou tactique de réappropriation? — La visée de cet article est double. D'une part, il s'agit de répondre à quelques-unes des attaques récentes dirigées par Douglas Robinson contre les pratiques traductionnelles littérales, que Robinson qualifie de « protofascistes ». D'autre part, il s'agit d'interroger, dans le cadre d'un projet de retraduction littérale de The Hamlet de William Faulkner mené à l'université McGill entre 1990 et 1996, la valeur épistémologique, éthique et méthodologique de l'approche littérale prônée par Antoine Berman, en vue à la fois d'une remise en question et d'une reconceptualisation de cette dernière, dont l'élitisme et l'idéalisme ont déjà été soulignés. Pour ce faire, nous proposons une analyse des présupposés politico-idéologiques véhiculés, d'un côté, par le recours au vernaculaire rural du Québec pour traduire le parler non-standard des personnages faulkneriens, et de l'autre, par les stratégies de survernacularisation et de dévernacularisation successivement mobilisées à ces fins. Si, à première vue, ces stratégies correspondent, respectivement, à une politique de décentrement (littéralisme, non-annexion de l'Autre socio-culturel) et à une tactique de réappropriation (hypertextualité, domestication de l'Autre socio-culturel), l'analyse démontre jusqu'à quel point une telle distinction est peu opératoire sur les plans épistémologique, éthique et heuristique. En effet, le choix de recourir au vernaculaire rural québécois pour respecter l'étrangeté du texte source engage simultanément, selon un rapport d'implication mutuelle, le littéralisme et la domestication, dont la finalité commune consiste à refuser l'ethnocentrisme radical en déstabilisant les attentes du lecteur.

The Politics and Tactics of Literal Translations : Foreignism or Reappropriation ? — The objectives of this article are twofold. On the one hand, it seeks to respond to some of the attacks recently leveled by Douglas Robinson at literal translational practices, which he defines as "protofascist". On the other hand, referring to a project conducted at McGill University between 1990 and 1996 in which a literal retranslation of William's Faulkner The Hamlet was undertaken, it at once questions the epistemological, ethical and methodological value of Antoine Berman's conception of literalism, and shows how the latter can be reconceptualized in order to avoid the elitism and the idealism for which Berman has, on occasion, been criticized. In this perspective, an analysis of the political and ideological assumptions underlying not only the choice of Québec rural vernacular to translate the non-standard speech of Faulkner's characters, but also the strategies of over-vernacularisation and de-vernacularisation successively mobilized for such a purpose, is proposed. If, in the first instance, these stategies appear to entail, respectively, foreignism (i.e. literalism, the non-colonization of the socio-cultural Other) and reappropriation (i.e. fluency, the domestication of the socio-cultural Other), the analysis shows to what extent such a distinction is of little epistemological, ethical and heuristic value. Indeed, the choice to respect the foreignness of the source text by using Québec rural vernacular entails a reciprocal relation of literalism and domestication, the common goal of which is to reject radical ethnocentrism via the destabilization of reader expectations.

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