2010
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Études littéraires ; vol. 41 no. 2 (2010)
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Élise Vandeninden, « Comment le texte touche le corps », Études littéraires, ID : 10.7202/045161ar
Le corps est la plupart du temps absent des théories de la réception : on évoque peu sa matérialité (le corps « objet »), encore moins son sentir (le corps « sujet ») empreint de pensée. À cette résistance correspond sans doute le trouble qu’il sème sur notre appréhension de la lecture comme activité herméneutique. Penser le corps dans la réception implique d’emblée l’examen de son inéluctable bouleversement sur le sens du texte : le lecteur, investi affectivement dans le livre, y plonge avec son histoire, ses souvenirs, ses désirs. Il ne décode plus seulement le texte mais il le « sur-code », dit Roland Barthes, y ajoute des éléments et, en définitive, le « pervertit ». Mais lire avec son corps, cela signifie surtout, pour nous, aller au-delà du sens, le dépasser, peut-être même l’ignorer, pour découvrir autre chose : la possibilité de se faire toucher par le livre en dehors des mots. Ce « quelque chose » qui nous touche, ce serait l’auteur présent dans le texte en tant que corps ; voilà l’origine d’une réception sensorielle, voire sensuelle, que nous nous proposons d’esquisser dans le cadre de cet article en rapprochant la pensée de Roland Barthes de celle de Jean-Luc Nancy.