2011
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Études littéraires ; vol. 42 no. 3 (2011)
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Marie-Hélène Girard, « La résurrection du passé ou le Second Faust revisité », Études littéraires, ID : 10.7202/1012015ar
Dans le prolongement de l’étude que Georges Poulet a consacrée à l’influence du Second Faust sur le fantastique de Gautier, l’article montre l’empreinte durable et profonde que ce texte a laissée également dans l’oeuvre du critique d’art. Les échos du texte traduit et commenté par Nerval se retrouvent aussi bien dans la « rétrospection évocatrice », qui rend compte des tableaux d’Ingres, de Meissonier, de Gustave Moreau ou des peintres de genre historique, que dans la réorientation esthétique d’un certain nombre de notions héritées du romantisme, comme celle de couleur locale, d’intuition ou d’ascèse de l’artiste. Les leçons du classicisme weimarien convergent non seulement avec l’image que Gautier a imposée de la perfection ingriste, mais aussi avec son plaidoyer en faveur de la sculpture, avec sa défense de la « forme abstraite » et la prédilection de plus en plus exclusive que ses Salons accordèrent au modèle antique sous le Second Empire. Ces multiples convergences confirment l’ambition prêtée à Gautier par Bergerat, d’être le « Goethe français », en même temps qu’elles éclairent l’originalité et la cohérence d’une critique et d’une esthétique trop souvent jugée opportunistes ou rétrogrades.