2012
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Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec ; no. 4 (2012)
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Josée Vincent, « Faire confiance au Canadien moyen – Les manuels techniques de Louis-Alexandre Bélisle », Revue de Bibliothèque et Archives nationales du Québec, ID : 10.7202/1012097ar
C’est à la veille de la Deuxième Guerre mondiale que Louis-Alexandre Bélisle, journaliste et enseignant devenu imprimeur, conçoit plusieurs collections de manuels à l’usage des ouvriers et des élèves des écoles techniques. Inspirée en partie d’ouvrages produits aux États-Unis, la série « Arts, métiers et technique » n’en est pas moins collée à la réalité québécoise. En effet, Bélisle ne se contente pas de transposer des données factuelles dans le contexte canadien, il adapte les contenus et, surtout, il accorde une importance capitale à la terminologie, n’hésitant pas à conserver des anglicismes et à avoir recours à des canadianismes pour mieux rendre compte de l’univers ouvrier. Ainsi, avec ses manuels, non seulement Bélisle reconnaît l’originalité et l’exactitude du vocabulaire ouvrier, mais il en revendique l’utilisation et en défend la légitimité. Les manuels de Bélisle s’adressent à une classe ouvrière économiquement et culturellement dominée. Certes, l’éditeur y transpose sa vision du monde, soit celle d’un enseignant de l’École de commerce et d’un patron d’entreprise, mais il y transmet aussi sa conception de la culture, qui lui fait préférer au français standard la vivacité de la langue du peuple. C’est cet intérêt pour la langue qui fait des manuels de Bélisle un cas à part, à la frontière des cultures bourgeoise et ouvrière.