2012
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Études françaises ; vol. 48 no. 1 (2012)
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Gilles Lapointe, « Lettre de Claude Gauvreau à André Breton, le 7 janvier 1961 », Études françaises, ID : 10.7202/1012896ar
Le 7 janvier 1961, Claude Gauvreau s’adresse au chef du surréalisme pour tenter de faire le point sur des questions vitales pour lui. Comment le surréalisme peut-il encore justifier sa résistance farouche à l’endroit de l’art non figuratif, alors que l’expressionnisme abstrait de l’École de New York triomphe dans toutes les grandes capitales de l’art ? Le surréalisme peut-il se renouveler ? Par ailleurs, comment faut-il interpréter le fait que l’évolution personnelle de Borduas ait amené le peintre à la fin de sa vie à prendre ses distances avec le surréalisme et l’automatisme ? Convaincu que le surréalisme conduit logiquement en peinture à l’automatisme, Gauvreau s’emploie dans cette lettre à réhabiliter auprès de Breton l’apport pictural de Borduas et de Riopelle. Cependant, si l’automatisme représente toujours pour lui une « révolution morale indéracinable », celle-ci trouve son fondement véritable dans l’éthique surréaliste. Persuadé qu’une forme de régression morale mine le champ de l’art et la pensée plasticienne tout particulièrement, exhortant Breton à une ouverture et une vigilance accrues, Claude Gauvreau défend vigoureusement la révolution surréaliste, « mouvement qui a acquis une envergure incommensurable » et qui reste à ses yeux le seul courant de pensée susceptible de jeter quelque clarté sur les interrogations capitales au sujet de l’art et de la vie.