Le roman en perspective curieuse : Trou de mémoire et l’anamorphose (de la mort) de l’auteur 

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2012

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Voix et Images ; vol. 38 no. 1 (2012)

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Marilyn Randall, « Le roman en perspective curieuse : Trou de mémoire et l’anamorphose (de la mort) de l’auteur  », Voix et Images, ID : 10.7202/1013448ar


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« Trou de mémoire sera, lui aussi, une anamorphose, une série d’effets de perspective et de trompe-l’oeil. » Ce jugement sur le roman, émis par René Dionne en 1968, est suivi de près par un autre : « Trou de mémoire ne réussit qu’à dissimuler bien imparfaitement, malgré le fin drapé de sa prose et de sa composition en trompe-l’oeil, l’individu Hubert Aquin . » Ces deux constats — que l’anamorphose gouverne la forme du roman et que la figure de l’auteur y est cachée — n’ont cessé de dominer la critique de Trou de mémoire depuis sa publication. Si l’anamorphose semble tournée résolument vers l’activité lectorale, posant un dilemme qui exige une multiplicité de perspectives, voire une schizophrénie perceptuelle, elle révèle en même temps la présence d’une intention auctoriale à l’origine du sens. L’anamorphose pose une énigme herméneutique située aux antipodes de la logique de « l’oeuvre ouverte » : qui ne déchiffre pas la « figure cachée » a raté sa lecture ; qui la déchiffre a perdu sa liberté interprétative ; l’auteur lui impose le sens final qu’il est seul à déterminer. L’anamorphose figure l’inscription à même l’oeuvre de la présence de l’auteur et de son intention. Que l’anamorphose comme clé de lecture de Trou de mémoire n’ait pas abouti à ouvrir tous les mystères de l’oeuvre ne fait que renforcer sa signification fondamentale, celle de révéler derrière les perspectives multiples du texte la présence singulière de son auteur.

“Trou de mémoire too will be an anamorphosis, a series of effects based on perspective and trompe-l’oeil.” This judgement on the novel, expressed by René Dionne in 1968, was followed shortly thereafter by another: “Despite the delicate drapery of its prose and its trompe-l’oeil composition, Trou de mémoire is only very imperfectly able to conceal the individual Hubert Aquin.” These two observations—that anamorphosis governs the form of the novel and that the author’s figure is concealed in it—have continued to dominate criticism of Trou de mémoire. While the anamorphosis seems resolutely oriented towards the reader’s activity, creating a dilemma that requires multiple perspectives or even perceptual schizophrenia, it also reveals the presence of an authorial intention that is the origin of meaning. The anamorphosis creates a hermeneutic enigma located at the antipodes of the logic of the “open work”: those who do not decipher the “hidden figure” have produced failed readings, while those who do decipher it have lost their freedom of interpretation, with the author imposing a final meaning determined by him alone. Anamorphosis embodies the inscription within the work itself of the author’s presence and intention. The fact that anamorphosis, as a key to reading Trou de mémoire, has not unlocked all the mysteries of the work simply reinforces its basic significance, which is to reveal, behind the text’s multiple perspectives, the singular presence of its author.

“Trou de mémoire será también una anamorfosis, una serie de efectos de perspectiva y trampantojo.” Este juicio sobre la novela, emitido por René Dionne en 1968, viene seguido de cerca por otro: “Trou de mémoire tan sólo logra disimular, muy imperfectamente pese al fino drapeado de su prosa y su composición en trampantojo, al individuo Hubert Aquin.” Estas dos constataciones —que la anamorfosis gobierna la forma de la novela y oculta la figura del autor— no han dejado de dominar la crítica de Trou de mémoire desde su publicación. Si bien la anamorfosis parece orientada abiertamente hacia la actividad lectoral, planteando un dilema que exige una multiplicidad de perspectivas, incluso una esquizofrenia perceptual, revela al mismo tiempo la presencia de una intención autorial en el origen del sentido. La anamorfosis plantea un enigma hermenéutico situado en las antípodas de la lógica de ‘la obra abierta’: quien no descifre la ‘figura oculta’ ha fallado su lectura; quien la descifre ha perdido su libertad interpretativa; el autor le impone el sentido final que él mismo es el único en poder determinar. La anamorfosis figura la inscripción, dentro de la obra, de la presencia del autor y su intención. Que la anamorfosis como clave de lectura de Trou de mémoire no haya logrado abrir todos los misterios de la obra no hace más que fortalecer su significado fundamental, el de revelar, tras las múltiples perspectivas del texto, la presencia singular de su autor.

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