« Le tahitien, c’est pour dire bonjour et au revoir » : paroles d’enfants sur une langue autochtone en sursis

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2016

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Enfances, Familles, Générations ; no. 25 (2016)

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Marie Salaün et al., « « Le tahitien, c’est pour dire bonjour et au revoir » : paroles d’enfants sur une langue autochtone en sursis », Enfances, Familles, Générations, ID : 10.7202/1039498ar


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Tahiti est l’île principale d’un archipel du Pacifique Sud, la Polynésie française, lié, sous des statuts divers depuis 1842, à une République française éloignée de 16 000 kilomètres. S’ils n’ont donc pas été minorisés démographiquement, ni spoliés de leurs terres, dans les proportions que l’on connaît ailleurs, en Amérique et dans le Pacifique, les Tahitiens (environ 80 % d’une population de l’île estimée à 183 000 habitants aujourd’hui) ont incontestablement été victimes d’une politique d’assimilation qui a connu une accélération au début des années 1960, avec la nouvelle vocation de ce territoire à devenir le lieu des essais nucléaires français. Exposés plus massivement aux institutions importées de Paris (justice et école), plus urbanisés et dépendants de l’emploi salarié, les Tahitiens ont eu tendance alors à projeter leurs enfants dans un avenir francophone au sein duquel les langues polynésiennes étaient d’autant moins transmises qu’elles apparaissaient comme préjudiciables à l’intégration sociale. De fait, la déperdition d’une génération à l’autre est patente : si 52 % des 75-79 ans déclarent une langue polynésienne comme étant la plus parlée en famille, ce n’est le cas que de 17 % des 15-19 ans en 2012.En réaction à l’ambition souvent hégémonique de la langue et de la culture françaises, et pour préserver ce qui peut l’être de la langue et de la culture tahitiennes, une politique visant à promouvoir cette langue et cette culture à l’école a été mise en application depuis le début des années 1980.Basée sur des enquêtes empiriques auprès des enseignants, des parents et des enfants eux-mêmes (notamment via le programme de recherche « École plurilingue outre-mer » de l’Agence nationale de la recherche française en 2008-2012 et le programme de recherche « Les langues entre l’école et la famille : représentations et pratiques linguistiques contemporaines des enfants de CM2 à Tahiti » du Ministère de la Culture français en 2013-2014), notre contribution interroge les enjeux de la complémentarité entre école et famille élargie dans la transmission linguistique et culturelle, avec une attention toute particulière pour les représentations enfantines des langues que parlent les enfants, des langues qu’ils entendent autour d’eux, et des langues qui seront les leurs plus tard.

Tahiti is the main island of the South Pacific archipelago French Polynesia that has been linked since 1842 through various statutes to the French Republic, 16,000 kilometres away. And while they have never been a demographic minority, nor had their land taken away to the same extent as occurred in the Americas and the Pacific, Tahitians (about 80% of the island’s population of about 183,000 people) have incontestably been victims of a policy of assimilation that accelerated in the early 1960s, as the territory became the French nuclear testing ground. With much greater exposure to institutions imported from Paris (legal and educational), and more urbanized and dependent on salaried employment, Tahitians began to project their children into a French-speaking future, within which the transmission of Polynesian languages came to be seen as prejudicial to social integration. As a result, the loss of these languages has become obvious: while 52% of people 75 to 79 years old say they speak a Polynesian language in the family, this is true of only 17% of people 15 to 19 years old. As a reaction to the often hegemonic ambition of the French culture and language, and to preserve what can be saved of the Tahitian language and culture, a policy aimed at promoting this language and culture at school was implemented in the early 1980s.Based on empirical studies carried out among teachers, parents, and the students themselves, in particular through programs conducted by the French National Research Agency in 2008–2012, and the French ministry of culture in 2013–2014, this article examines the issues of the complementarity between school and extended family in the transmission of language and culture, with a particular focus on children’s representations of the languages they speak themselves, the languages they hear around them, and the languages that they will learn later.

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