2019
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Études françaises ; vol. 55 no. 2 (2019)
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Fabien Gris, « Genre romanesque et romanesque cinématographique : Un désir de blockbusters et de cinéma de genre dans le roman contemporain français », Études françaises, ID : 10.7202/1061903ar
On a l’habitude d’évoquer un retour du romanesque pour qualifier la littérature narrative française depuis les années 1980. Ce retour a été favorisé, entre autres, par un tropisme du roman vers le cinéma, et notamment vers ses genres populaires. La question du genre littéraire et celle du cinéma trouveraient un point d’intersection dans cette notion de « romanesque », comprise dans ses deux sens : ce qui relève du genre du roman et ce qui relève d’un certain foisonnement fictionnel. Néanmoins, pendant trente ans, ce retour au romanesque s’est effectué de façon critique ou distanciée, comme si l’objet demeurait toujours partiellement suspect. Or nous faisons l’hypothèse d’une récente modification de perspective. Cette voie serait le fait d’une partie de la nouvelle génération d’écrivains, qui semble aujourd’hui se tourner notamment vers le cinéma de genre et l’imaginaire des blockbusters hollywoodiens pour nourrir sa quête romanesque. « Quête », car la particularité de ce nouveau romanesque est qu’il s’énonce sous la modalité du désir, du fantasme, objet visé mais jamais pleinement atteint. Magie industrielle de Patrice Blouin et L’étoile du Hautacam de Pierric Bailly sont des oeuvres représentatives de ce nouveau désir de romanesque placé sous l’influence du blockbuster contemporain.